Kinderszenen : sous les doigts du jeune pianiste Merwan Mazloum (Premier CD)

Par Samuel Aznar.

Chef-d’œuvre de tendresse et de poésie, les Kinderszenen op.15 ont valu à Schumann les plus vifs éloges de ses contemporains. Franz Liszt par exemple, découvrant leur publication en 1838, s’était écrié : : « Schumann, notre génial Schumann a écrit pour piano des Scènes d’enfants ravissantes. Schumann est un poète plein de sensibilité et un grand musicien. » Et l’auditeur d’aujourd’hui de s’émerveiller encore de ces treize miniatures dédiées au théâtre de l’enfance, avec ses personnages curieux (Von fremden Ländern und Menschen, Ritter vom Steckenpferd), ses rêveries (Träumerei, Kind im Einschlummern), et ses tristesses passagères (Bittendes Kind, Fast zu ernst). Les titres de ces petites saynètes n’ayant été donnés que rétrospectivement par Schumann, on a du mal à définir précisément leur importance dans le processus créateur ; on sait seulement qu’elles ont été conçues, d’après le compositeur lui-même : « pour des enfants, par un grand enfant ».

Mais qu’on ne s’y trompe pas. Il faut, pour préserver leur délicatesse, avoir déjà une excellente maîtrise de l’instrument et des raffinements qui lui sont propres. C’est bien le cas de Merwan Mazloum qui, malgré son jeune âge, dix-huit ans, possède déjà toutes les qualités d’un vibrant interprète. Qu’on écoute sa version de Hasche-Mann ou de Traumerei pour s’en convaincre : on y trouvera une technique pianistique et une sensibilité musicale toutes deux irréprochables. Nul doute que Schumann aurait apprécié d’entendre ses pièces jouées par un interprète aussi jeune, tout juste sorti de l’enfance, mieux à même que n’importe qui d’en restituer la fraîcheur juvénile.

PROGRAMME